Opinion

Confession d’un chrétien en temps de crise

Je m’appelle Erwan, j’ai 27 ans et je suis catholique. À l’heure du passage de 2022 à 2023, en tant que catholique, une grande question se pose : pourquoi croire ? Après plusieurs années de scandales dans l’Eglise, pourquoi croire ? Après la trahison de trop nombreux clercs, pourquoi croire ? Après les récente révélations autour de plusieurs évêques, pourquoi croire ? À l’heure de la profonde déchristianisation de la société, pourquoi croire ? 

Car ma foi ne repose pas sur des hommes, ma foi ne repose pas sur une institution, ma foi ne repose pas sur l’acception sociale ; ma foi demeure et repose sur le Christ-Jésus.

Oui ces scandales m’ont fait mal. Oui, apprendre que certains évêques ont trahi, ont menti, cela m’a fait très mal. Oui, le chiffre de 300 000 victimes tourne dans ma tête et retourne mon cœur. 

Pourtant ma foi demeure. 

Car plusieurs fois, dans le silence de la prière, j’ai rencontré le Christ, et cette rencontre a changé ma vie. Il m’a dit qu’il m’aimait d’un amour infini. Il m’a dit qu’il m’aimait dans mes blessures, dans mes petitesses. 

Alors j’ai ouvert les évangiles et j’ai vu que Jésus n’allait pas voir les riches mais les pauvres, non pas les bien portants mais les malades, non pas les justes mais les pêcheurs, non pas les puissants mais les faibles. Et c’est en me reconnaissant petit, pauvre, malade, pêcheur et faible que, chaque jour, je goutte à la joie d’être aimé de Dieu.

Ma foi demeure aussi car j’ai rencontré le un autre visage de l’Eglise que celui présenté dans les médias.  Pour moi le vrai visage de l’Eglise c’est cette vieille dame de ma paroisse qui tricotte tous les après-midis pour donner des pulls aux migrants. C’est ce prêtre que j’ai suivi une semaine et qui connaissait et visitait tous les SDF de la ville. C’est mon ami, qui, après de brillantes études, est entré au séminaire par amour des pauvres. C’est un autre ami qui a été en colloc’ plusieurs années avec un SDF. C’est cette amie qui accueille des femmes enceintes rejetées par leurs familles. C’est ce retraité de ma paroisse qui gère l’aide alimentaire dans la commune. 

Autant de visages qui ne passeront jamais au 20h de TF1. Pourtant voilà l’Église : le peuple de ceux qui cherchent Dieu et qui le trouvent dans celui qui souffre en bas de chez eux. 

Alors, oui, ma foi demeure, même si elle est blessée. Car ce n’est pas parce qu’on a peur de la nuit que plus jamais l’aurore ne viendra. Le Christ nous a demandé de veiller, de ne pas avoir peur des malheurs de ce monde mais d’espérer. La foi chrétienne n’est pas une foi de la toute-puissance, elle consiste à accepter sa petitesse pour accueillir la force de Dieu en nous. En tant que chrétien je ne suis pas là pour établir un paradis sur la terre, mais pour, chaque jour, pas à pas, accueillir le Christ dans ma vie. Je sais qu’un jour le Christ reviendra en gloire, et alors, il n’y aura plus de pleurs. 

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