Réaction

Le pape François, les « tueurs à gages » et l’IVG

Le mois dernier lors d’une catéchèse, le Pape François a comparé les professionnels de santé pratiquant des IVG à des « tueurs à gage ». Ses propos font échos à une homélie prononcée au mois de juin, dans laquelle le Souverain Pontife comparait l’avortement pratiqué en cas de handicap du fœtus à un « eugénisme en gant blanc, comme celui pratiqué par les nazis ». Les réactions de la presse ne se sont pas fait attendre très longtemps. Voici notamment celle de Libération.

Le débat s’engage devant la machine à café de votre bureau. Des collègues choqués et enragés par ces propos du pape. Les regards se tournent vers vous, le catholique. Répondre ou fuir ? Voici un petit kit de survie !

Crédits: Wikimedia Commons – Christoph Wagener

Le pape dans la critique

Dans cet article du quotidien Libération, l’auteur reproche directement au pape de « combattre l’IVG en toutes circonstances, sous couvert de défendre la vie ». Le principal point d’accroche : les femmes mouraient lorsque l’avortement était interdit. La position de l’Eglise encourage le durcissement de la loi dans les pays où l’IVG n’est pas autorisée. La conclusion l’énonce clairement :

« les propos du pape portent très gravement atteinte à toutes les femmes et à toutes les personnes, y compris nombre de catholiques, qui refusent cette position menant à la mort de femmes et cette entrave à leur droit fondamental de maîtriser leur corps ».

La doctrine avant le bonheur des femmes ?

Comme pour la plupart des sujets bioéthiques, on retrouve l’idée selon laquelle l’Église s’entête à défendre sa doctrine, au détriment du bonheur des personnes, dans notre cas, en mettant en danger la santé des femmes. Pour l’auteur de l’article, le pape ne porte aucun intérêt à leur bien-être, alors qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort. Le débat semble écrit d’avance : l’Eglise défend son dogme, en dépit du bien-être des gens. Elle s’intéresse plus à la défense de la vie qu’à la détresse des femmes. Si l’on commence le débat en invoquant le caractère sacré de la vie, nous défendons notre doctrine et confirmons cette idée reçue. C’est le tollé assuré.

Ne pas s’enfermer dans la contradiction

Pour ne pas s’enfermer dans un débat sans issue, nous proposons de rechercher un registre sur lequel nous pouvons nous comprendre. Derrière une critique envers l’Eglise se cache souvent une idée que nous partageons avec celui qui l’énonce. En nous appuyant sur cette valeur commune, nous pourrons « désamorcer les bombes » et être véritablement écoutés. Dans le cas présent, le bien des personnes et plus particulièrement la souffrance des femmes semble le dénominateur commun. L’être humain, sa dignité et son bonheur, sont au cœur de toute la doctrine de l’Eglise. Il s’agit de bien se le rappeler et de bien le rappeler.

Si nous ouvrons la discussion sur ce que nous avons en commun, cela nous permet de ne pas nous laisser enfermer dans un dialogue de sourds. Dans ce cas, il est urgent de réaffirmer que l’Eglise recherche le bien des femmes, particulièrement de celles en détresse. Elle s’applique à trouver la meilleure solution pour leur venir en aide. Autre valeur commune à aborder : l’avortement n’est pas un acte anodin, on préférerait tous qu’il ne soit pas nécessaire. Nous préparons ainsi le terrain à une véritable écoute, en valorisant ce qu’il y a de bien chez l’autre.

L’Eglise aux côtés de ceux qui souffrent

Pour ne pas s’éparpiller, il est important d’avoir en tête des messages clairs à passer et de savoir les illustrer. C’est le moment de citer des exemples vécus, de rapporter des témoignages. Voici trois messages possibles, à vous de les rendre vivants !

  • L’Eglise est toujours du côté de ceux qui souffrent. Elle comprend la détresse de ces femmes et œuvre au quotidien pour leur venir en aide. De nombreuses associations existent pour accompagner celles qui éprouvent la solitude, la pauvreté, et ne se sentent pas capables de devenir mère (Mère de Miséricorde, Maison Marthe et Marie, etc.).
  • L’Église s’oppose à l’IVG parce qu’elle considère que c’est une fausse solution à un vrai problème. Le Pape est ferme sur sa position et emploie des termes forts pour défendre la femme. Pour lui, l’avortement supprime une souffrance, en en créant une autre. Il s’agit d’un choix biaisé. La femme peut subir une pression de son entourage qu’il soit médical ou familial. L’IVG laisse des traces. Et souvent les femmes n’en sortent pas indemnes.
  • L’Eglise considère que l’avortement supprime une autre vie, celle de l’enfant. Ce dernier point est le message qui est le plus difficile à entendre : une raison pour ne pas l’amener en début de l’argumentation.

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